C'est ce qu'une amie, de retour d'un beau voyage en méditerranée, s'est exclamée tandis que nous feuilletions son très bel album-photos.
En fait, Cathy ne disposant que de quelques jours de congés, il me fallait réparer une injustice divine : je lui avais promis que je l'emmènerais un jour dans la Vallée des Merveilles. Or nous avions déjà essayé cette destination en 2004, précocément tronquée par une panne de voiture à Vence. Pompe à eau en carafe, si j'ose dire, il nous avait fallu rentrer bredouilles en taxi ! Vous imaginez la tête de Cathy et des enfants...
Ce 9 juillet, nous devions déposer Pierre à l'aéroport de Nice pour son départ en séjour linguistique à Brighton. Marine partait en Corse faire la plonge pour un camp d'adolescents de plongée, naturellement. Cécile, rentrée de Winnipeg via San Francisco (encore merci à Jacques pour l'avoir accueillie si gentiment) fêtait dans la Haute-Vienne le mariage d'une copine de Mayotte avant de filer sur Paris pour un remplacement d'été, tout en prospectant si possible pour un emploi à plus long terme.
Pour cette 2e édition, nous nous retrouvons donc en vieux couple de randonneurs. De Nice, nous sautons à Roquebrune-Cap Martin pour faire trempette. Nous sommes surpris de trouver des places de parking -gratuites et libres- juste le long de la courte plage. Nous avons dû précéder le gros des troupes de touristes azuréens.
Nous zigzaguons ensuite de Sospel à Tende à la recherche d'un camping. Celui de Fontan devient notre camp de base.
De là, une première excursion en altitude nous mène de Castérino à Fontanalbe et à la Voie sacrée, qui forme avec la Vallée des Merveilles deux sites qui recueillent 40 000 gravures tracées après la dernière glaciation. Ce musée à ciel ouvert est magnifié par le paysage enchanteur.
Le lendemain, nous décidons un décrassage musculaire autour du col de Tende. L'incursion en Italie commence sur le marché de Tende, ville française depuis 1858, où un marchand italien vend sans sourciller ses fruits et légumes piémontais dans sa langue natale. Plus d'un touriste étranger a dû y perdre son latin! Elle se poursuit malicieusement avec une autochtone de Limone-Piemonte qui me glisse pendant que je photographie son pittoresque village : "Prendi scorze di Limone ?" - tu prends des épluchures de citron ?
Nous faisons la tournée des forts construits sur la fontière du col de Tende. Je m'étonne que ces forts, construits par les Italiens après 1858, se trouvent sur le territoire français. Ils étaient à cette époque reliés à la vallée par un téléphérique. Cathy suggère que la frontière a été quelque peu déplacée en 1947, des bornes en béton datée de cette année-là ponctuent la crête. Ces forts sont aujourd'hui abandonnés, et si j'ai bien compris, sans propriétaire. Il paraît d'ailleurs que l'un d'eux pourrait bientôt devenir un restaurant.
Seul le fort Pernante nous a échappé ; nous avons tourné autour sans le trouver! Pourtant nous l'avons photographié, aussi bien du col de Tende que depuis la baisse de Fontanalbe le lendemain. Assurément, je mérite l'enveloppe noire du jeu télévisé Pékin express...
La visite de l'intéressant musée des Merveilles à Tende s'impose à nous en complément des découvertes sur le terrain alpin, avec notamment la gravure emblématique du Chef de tribu.
Pour notre dernière randonnée alpestre, nous remontons la vallée de la Valmasque jusqu'au refuge. Nous égrenons le Lac Vert, le Lac Noir et le Lac de Basto. Nous grimpons jusqu'à la baisse de Valmasque au milieu de bouquetins bigrement cornus mais peu farouches et de quelques chamois adorables. Si jusque là nous étions un peu déçus par le manque d'animaux observés : quelques marmottes furtives, un lointain bouquetin, un chamois qui a traversé la route devant la voiture, nous sommes ici récompensés de nos efforts à la porte de la vallée des Merveilles.
Comme il fait encore très beau, au lieu de rebrousser par le même chemin, transcendés par les paysages et la faune, nous optons pour un retour par la grimpette de la baisse de Fontanalbe, le refuge éponyme et le Lac des Grenouilles pour retrouver le parking au bout de Castérino.
Cathy, peut-être livrée à l'ivresse des montagnes, me propose l'ascension du Mont Bégo, juste à quelques centaines de mètres seulement, mais encore 300 mètres plus haut et sans chemin tracé, alors qu'il est déjà 16 h 30. "Du Mont Bégo, on voit la mer et la Corse, et il fait beau". Mais il nous reste trois bonnes heures de marche. Je refuse catégoriquement de prendre le risque de faire coucou à Marine depuis le balcon du Bégo.
Sur ces hauteurs isolées que nous sommes les derniers à arpenter, je ne suis pas très rassuré après la perte du sentier au milieu des moraines. La vue d'une caserne abandonnée sur l'autre flanc de la crevasse au pied du Bégo nous ramène sur nos pas pour retrouver les traces du "sentier". Passé le refuge, la longue descente nous ramène tranquillement à la voiture. Cette excursion, malgré ses 18 kilomètres et ses 1200 m de montées cumulées, nous a comblés. Nous méritons sur cette étape l'amulette de Pékin express en effaçant la honte de l'épreuve du fort Pernante!
Et pour finir, en retrouvant la côte, nous avons visité le beau musée Matisse à Nice, sans toutefois pouvoir atteindre la presqu'île de Villefranche que Cathy voulait parcourir à pied : ce week-end du 14 juillet avait littéralement bloqué le centre-ville.
Cathy, promis, on reviendra...
N.B. L'album-photos complet" la Haute vallée de la Roya" se consulte ici par un clic ou en marge droite.